Friday, March 21, 2008
Aoua!
Aoua! Aoua! Méfiez-vous des Blancs,
habitants du rivage.
Du temps de nos pères,
des Blancs descendirent dans cette île.
On leur dit: Voilà des terres,
que vos femmes les cultivent;
soyez justes, soyez bons,
et devenez nos frères.
Les Blancs promirent, et cependant
ils faisaient des retranchements.
Un fort menaçant s'éleva;
le tonnerre fut renfermé
dans des bouches d'airain;
leurs prêtres voulurent nous donner
un Dieu que nous ne connaissons pas,
ils parlèrent enfin
d'obéissance et d'esclavage.
Plutôt la mort.
Le carnage fut long et terrible;
mais malgré la foudre qu'ils vormissaient,
et qui écrasait des armées entières,
ils furent tous exterminés.
Aoua! Aoua! Méfiez-vous des Blancs!
Nous avons vu de nouveaux tyrans,
plus forts et plus nombreaux,
planter leur pavillon sur le rivage:
le ciel a combattu pour nous;
il a fiat tomber sur eux les pluies,
les tempêtes et les vents empoisonnes.
Ils ne sont plus, et nous vivons,
et nous vivons libres.
Aoua! Méfiez-vous des Blancs,
habitants du rivage.
Évariste Désiré de Forges
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